De l’importance de l’harmonisation d’un texte

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Magdalene


Qu’est-ce que l’harmonisation d’un écrit ? Également appelée « homogénéisation » ou « unification », elle permet d’assurer la cohérence d’un texte sur différents plans : orthographique, stylistique ou encore typographique. Découvrons ensemble en quoi ce travail consiste.

Dans un premier temps, mettons-nous d’accord sur l’orthographe à employer.

Comment ça ? Parce qu’on a le choix ? Eh bien oui ! Du moins dans certains cas.

Saviez-vous qu’il existe des mots à orthographe variable ? Il est fort probable que vous en connaissiez déjà certains. Peut-être pensez-vous à « clé » qui peut également s’écrire « clef » une fois son panneton ajusté, à « cuillère » qui voit parfois son accent et son « e » final être engloutis, ne formant alors plus qu’une maigre « cuiller » ou encore à « oignon » qui devient « ognon » lorsque ses écailles sont moins charnues…

La féminisation des noms de métiers et de grades est aussi à prendre en considération lorsqu’il est question d’harmonisation orthographique. Si certains auteurs et certaines maisons d’édition font le choix de l’appliquer, d’autres n’y tiennent pas.

Pour l’ensemble de ces cas, le tout est de faire un choix et de s’y tenir tout le long du texte. Il serait en effet malvenu d’ajouter une « cuillère » de sauce soja page 11 pour ensuite verser une « cuiller » d’huile d’olive page 13 !

— Bonjour, comment vous portez-vous ?
— Ma foi, je suis décontenancée… comment se fait-il qu’aucun guillemet ne précède votre tiret ?
— Voyons, vous n’êtes pas au courant ? Les dialogues s’écrivent également sans guillemets de nos jours, mettez-vous à la page !

Essentielle à la bonne fluidité d’un écrit, l’harmonie typographique doit toujours être vérifiée avec minutie par le lecteur-correcteur. Il existe des règles strictes en la matière. Toutefois, l’auteur ou l’éditeur dispose parfois d’une petite marge de manœuvre sur certains points : la disposition des dialogues, la présentation des citations ou encore l’écriture des nombres.

Si les guillemets tendent aujourd’hui à disparaître dans les dialogues, ils peuvent être employés si le client le souhaite.

Quant aux citations, bien qu’obéissant à des normes strictes, elles peuvent être présentées de différentes manières. Par exemple, elles peuvent apparaître en italique (souvent dans les quotidiens). Parfois – souvent dans la presse –, de minces libertés sont prises. Libertés contrôlées cependant, puisqu’elles s’inscrivent dans le respect d’une charte éditoriale ou d’une marche maison. Prenons le cas des guillemets. Alors qu’ils sont normalement proscrits à l’intérieur des citations courtes, leur présence s’observe pourtant régulièrement devant les verbes de parole (par exemple « confie-t-elle », « avoue-t-il ») ou les propos du journaliste.

En chiffres arabes, au long (c’est-à-dire en toutes lettres), en chiffres romains grandes ou petites capitales : les nombres peuvent revêtir différentes formes. Si dans les textes littéraires ils s’écrivent au long pour les âges et les heures et en chiffres arabes pour les dates (jour et année) et les ordres (numéro d’une adresse, d’une page, d’une salle, etc.), ils sont plus souvent écrits en chiffres arabes dans la presse, les documents administratifs et les notices. Cela s’explique notamment par la contrainte d’un espace réduit pour faire figurer le texte. Dans son travail d’harmonisation typographique, le correcteur veille à homogénéiser les informations en traitant de manière identique le même type de donnée chiffrée. Par exemple, si l’on convient que les siècles doivent être écrits de manière traditionnelle, c’est-à-dire en chiffres romains petites capitales, alors on applique cette règle sur l’ensemble du document. Même chose évidemment si l’on choisit de les écrire en chiffres romains grandes capitales ou en chiffres arabes (plus rare).

Et le style dans tout ça ?

Connaissez-vous les textes écrits à plusieurs mains ? C’est ainsi que l’on nomme parfois un texte qui a été rédigé par différents auteurs. Cette pratique littéraire rend évidente la nécessité de l’unification stylistique. Bien que celle-ci doive être effectuée pour n’importe quelle correction, elle est particulièrement utile dans ce cas précis. En effet, les auteurs ont chacun une façon d’écrire qui leur est propre (vocabulaire, longueur des phrases, registre de langue, etc.). Cela constitue une force pour la rédaction, cependant il faut veiller à ce que l’harmonie globale du texte soit au rendez-vous. Dans le cas contraire, le lecteur aurait des difficultés à rentrer dans le récit.

Bien sûr, la question de l’harmonisation stylistique doit être étudiée au cas par cas. Dans un roman qui alternerait les points de vue de plusieurs personnages au fil des chapitres, il pourrait être malvenu de chercher à unifier le registre de langue, chaque protagoniste pouvant avoir une façon de s’exprimer bien à lui.

D’autres éléments peuvent être pris en compte pour l’homogénéisation stylistique d’un texte : la terminologie (pour les écrits universitaires par exemple), le contexte (formel, littéraire, etc.) ou encore la ponctuation (simple ou complexe).


« Il faut être cohérent. Surtout quand on invente. » Éric Fottorino

Enfin, ne négligeons pas l’importance de la cohérence du propos. Si un groupe d’octogénaires déambule clopin-clopant page 7, ce n’est pas pour le retrouver en train de courir un sprint à la page suivante. De la même façon, on évitera de faire varier la couleur des murs d’une pièce en fonction de notre humeur, cela pourrait perturber le lecteur. Bien sûr, le trait est ici légèrement forcé, mais c’est pour mieux illustrer l’idée.

Lorsque l’on veille à l’harmonie du propos, on prête donc attention à la logique, à la cohérence interne du texte. Durant cette tâche, la lectrice-correctrice vérifie que les éléments significatifs (noms, dates, titres, détails, couleur, décor, etc.) ne changent pas en cours de route. Plus un récit est cohérent, plus il pourra s’ancrer et prendre vie dans l’esprit du lecteur.


L’harmonisation d’un texte constitue une tâche exigeante et minutieuse dans le travail de correction. Toutefois, elle peut se révéler plaisante, pour peu que l’on fasse preuve de curiosité, d’un attrait pour l’analyse et d’un esprit suffisamment obsessionnel pour apprécier de passer un écrit au crible.


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2 réflexions au sujet de “De l’importance de l’harmonisation d’un texte”

    • Merci frangine ♥ C’est une tâche pouvant sembler rébarbative au premier abord, mais une fois que l’on se plonge dedans, elle peut se révéler tout à fait captivante ! 🙂

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